DIY – les chiffres rugueux de la Pédagogie Montessori

26 juillet 2024 0 Par Les Trésors de l'Apprentissage

A l’age de 2 ans, mon fils s’intéressait énormément aux chiffres, à leur tracé et au dénombrement. Il devenait donc nécessaire que nous ayons ces chiffres rugueux à portée de main afin de les utiliser au moment opportun.

Aujourd’hui, je vous propose donc un petit pas à pas afin de réaliser les chiffres rugueux, ainsi que quelques idées d’utilisation.

Matériel :
– une planche de bois ou de médium assez fine (j’ai utilisé du 6mm d’épaisseur)
– une scie sauteuse (et tout l’équipement de protection qui va avec)
– le gabarit des chiffres rugueux
– du papier de verre (j’ai utilisé du liège autocollant car mes enfants ne supportent pas de toucher le papier de verre)
– de la peinture (verte de préférence), du vernis
– un pinceau (ou pas si comme moi vous choisissez l’option aérosol)
– une règle, un crayon de bois, une paire de ciseaux, de la colle
– un peu de temps devant vous. (c’est pas compliqué mais ça prend un peu de temps)

Tutoriel :

Je tiens tout d’abord à m’excuser de ne pas avoir fait de photo des étapes de réalisation. La principale raison étant que je n’y ai pas pensé ^^ Mais promis, normalement avec mes explications et une photo du rendu final, vous vous en sortirez comme des chefs ♥

1. découper dans une planche de bois ou de médium, 10 rectangles de 12 x 16 cm. Pour ma part, j’ai pris une chute de médium de mon garage, d’une épaisseur de 6mm.

2. poncer les arêtes et brièvement le dessus de chaque plaque afin que la peinture adhère bien.

3. peindre les 10 planches. Dans la pédagogie Montessori, les chiffres rugueux sont sur un fond vert (le rouge et le bleu sont réservés aux consonnes et aux voyelles). Moi j’ai opté pour la solution de facilité : la peinture aérosol. Une fois que la peinture est bien sèche, vernir chacune des plaques (ici aussi j’ai choisi d’utiliser un vernis en spray)

4. télécharger le gabarit des chiffres rugueux  . Les chiffres sont à l’envers et c’est tout à fait normal :). Découpez grossièrement autour d’eux, puis collez-les à l’arrière de la matière que vous aurez choisie. Habituellement il s’agit de papier de verre, mais mes enfants étant particulièrement sensibles au toucher, j’ai choisi du liège autocollant pour que ce soit plus doux sous leurs doigts. Il ne vous reste plus qu’à découper vos chiffres et à les coller sur les plaques (en les centrant au maximum).

Et voilà, je vous avais dit que ce n’était pas compliqué 🙂

Passons maintenant à la manipulation.

Tout d’abord, il faut savoir que dans la pédagogie Montessori, afin d’isoler la difficulté et ne pas trop en demander à l’enfant, on ne va présenter que 3 chiffres (ou trois mots de vocabulaire, ou trois couleurs par exemple…) à la fois. Si, dans le cadre de l’apprentissage des lettres, l’ordre n’est pas celui de l’alphabet (qui est d’ailleurs un ordre tout à fait arbitraire ne correspondant pas à quelque chose de logique), ici avec les chiffres, il est recommandé de les présenter à l’enfant dans l’ordre.

J’ai donc pris les 1, 2 et 3.

De plus, toujours afin de permettre un apprentissage durable, lorsqu’on présente une nouveauté à l’enfant, on commence par une leçon en trois temps :

Etape 1 : Je me suis installée à côté de mon fils, j’ai pris la plaquette 1, avec mon index ET mon majeur j’ai tracé le chiffre (en commençant par la petite barre du 1 et en redescendant) et j’ai terminé mon tracé en disant « 1 ». Mon geste est lent et décomposé, la parole n’est pas nécessaire afin que Malo se concentre sur mes doigts et non pas sur le blabla que j’aurais pu raconter. J’ai ensuite invité Malo à faire de même, une première fois d’abord, puis 2 ou 3 fois s’il en ressentait le besoin et/ou l’envie. Nous sommes ensuite passés au 2, puis au 3. La démarche est toujours la même : tracer le chiffre en silence avec mon index et mon majeur et terminer le tracé en énonçant le chiffre.

L’utilisation de l’index et du majeur dans le tracé joue un rôle très important dans le processus de mémoire. Des recherches en neuro-sciences ont démontré que nous retenons mieux (nous = enfants et adultes) si nous utilisons simultanément la pulpe de ces deux doigts. C’est donc pour cela qu’il est nécessaire que les chiffres rugueux (ou les lettres) soient suffisamment grands pour pouvoir accueillir les deux doigts des enfants.

Par ailleurs, si vous êtes droitier et que votre enfant est gaucher, il est nécessaire de lui montrer le geste de votre main forte (la main avec laquelle vous écrivez). L’enfant comprendra par lui-même le geste à effectuer avec sa main forte à lui. J’ai eu par exemple le cas avec Zélie. Moi je suis gauchère et elle est droitière. Cela ne lui a jamais posé problème dans l’apprentissage de l’écriture ou du dessin, elle n’a jamais été tentée d’utiliser la main gauche pour faire comme moi (Malo est gaucher, la question ne se posait pas)

Etape 2 : une fois que les tracés des chiffres sont faits, j’installe devant Malo les trois plaquettes, dans l’ordre et je lui demande « montre moi le 3, montre moi le 1, montre moi le 2 ». Si, après plusieurs demandes, il ne se trompe pas, je recommence l’exercice en mélangeant les plaquettes. En revanche, s’il se trompe, on retourne à la première étape. On recommence à tracer et énoncer les chiffres en terminant par celui qui pose souci. Si par exemple (et ça a été le cas) il ne trouve pas le 2, et qu’il montre le 3 à la place, alors je reprends le 3, on le trace et on l’énonce, puis je reprends le 2, on le trace et on l’énonce (plusieurs fois pour chaque). On recommence alors l’étape 2, et je prends soin de lui demander en tout premier « montre moi le 2 ».

Etape 3 : je remets les chiffres dans l’ordre et en pointant du doigt une des plaquettes je lui demande « c’est quoi ça ? » – « le 3 ! » – « et ça c’est quoi ? » en prenant soin de demander plusieurs fois pour chacun des chiffres et avec un ton humoristique pour ne pas qu’il se lasse ! S’il ne se trompe pas, on recommence en mélangeant les plaquettes. S’il se trompe, on recommence l’étape 2.

Voilà, la leçon en trois temps est terminée.

Je lui ai donc présenté le plateau contenant tout un tas de bricoles.

Qu’est-ce qu’on y trouve à l’intérieur ?
– des Sumblox (1, 2 et 3)
– des chiffres en bois issus d’un puzzle (1, 2 et 3)
– 6 champignons en bois Grapat
– 3 dés
– 6 perles (issues de la banque Montessori dont je vous parlerai prochainement)
– 6 cubes en bois brut (que j’ai été piocher dans le Spielgaben)
– les barrettes de perles Montessori 1, 2 et 3.

Bien entendu, vous pouvez tout-à-fait utiliser d’autres objets, faites avec ce que vous possédez, mais je vous conseille néanmoins, pour chaque collection que vous proposez, de prendre des objets identiques, afin de ne travailler qu’une difficulté à la fois (ici le dénombrement) sans que votre enfant ne soit déconcentré par des couleurs, des formes ou des tailles différentes. Dans mon cas, il aurait été par exemple judicieux que les chiffres du puzzle soient d’une seule couleur. 

J’ai donc donné une collection à la fois à Malo. On a commencé par les chiffres « écrits » : les Sumblox et les chiffres du puzzle. Les Sumblox présentent une difficulté supplémentaire : leur taille. J’ai néanmoins choisi de les inclure dans le plateau parce que Malo les manipule et les connaît depuis un bon bout de temps. Il connait donc les spécificités et donc cela ne l’a pas rendu curieux. 

Il a ensuite distribué les perles, les champignons et les cubes selon la valeur du chiffre. 

Puis je lui ai donné les barrettes de perles colorées. Il avait déjà vu sa soeur les manipuler aussi j’ai été surprise et touchée de le voir les « ranger » devant lui en pyramide », comme j’ai pu le montrer à Zélie, avant de les distribuer. 

Et enfin pour clore avec ce plateau, j’ai gardé la plus grosse difficulté pour la fin : les dés. Je lui ai donné les trois dés et lui ai demandé de placer le premier dé dans la colonne 1 de manière à ce que la face du haut représente 1. Pareil pour le 2 puis pour le 3. Même si Malo a réalisé la consigne sans souci, il lui a fallu quand même mobiliser ses compétences pour y arriver : observer les différentes faces, compter les points de la constellation et s’assurer que la face choisie soit celle qui correspond au chiffre. 

Tout fier d’avoir terminé son plateau, il a appelé son papa et sa grande soeur pour admirer le résultat.

Et puis, il a tout rangé et m’a gratifié d’un « encore Maman ». Moi je n’avais rien prévu de plus étant donné que ça faisait déjà 20 minutes qu’on était sur l’activité. Il a donc fallu que je me remue les méninges rapidement et pour conclure l’atelier, j’ai sorti le plateau du Spielgaben (c’est toujours une joie pour Malo quand je lui propose de manipuler le Spielgaben), les 7 anneaux de taille moyenne bleu, rouge et jaune (1 un petit de chaque couleur) ainsi que tous les pions blancs. Au dessus du plateau, les 3 chiffres avec dessous, le petit anneau de chaque couleur (le rouge pour le 1, le bleu pour le 2 et le jaune pour le 3. Je n’ai pas choisi ces couleurs au hasard, il s’agit des couleurs des chiffres en bois du puzzle : le 1 est rouge, le 2 est bleu et le 3 est jaune)

J’ai ensuite parsemé le plateau avec les anneaux moyens des trois couleurs et j’ai expliqué la consigne à Malo : dans les cercles rouges, on met 1 pion (tout en mettant 1 pion dans le petit anneau rouge à l’extérieur du plateau), dans les cercles bleus, on met 2 pions (même action) et dans les cercles jaunes, on met 3 pions. 

Quelques mois auparavant, je lui avais déjà proposé une activité de ce type mais dont la consigne ne contenait qu’un seul item : mettre 2 pions dans chacun des anneaux sur le plateau. Là, j’ai corsé l’affaire puisque la consigne contient 2 items : associer le nombre de pions selon la couleur de l’anneau. 

Malo n’a eu aucun souci à réaliser la consigne, ça lui a pris une petite dizaine de minutes. Le temps de faire la photo et hop, le voilà qu’il range tout et s’en va vaquer à ses occupations. Ouf, je n’avais pas d’autre idée en tête 🙂

Et voilà donc comment Malo s’est familiarisé avec les chiffres 1, 2 et 3. Bien entendu, nous avons continué de manière informelle à dénombrer et à reconnaître les chiffres. Par exemple il aimait me montrer les chiffres sur ce qui croise son chemin : le jus de fruits 100% pur jus, les jours du calendrier, on donne 2 frites à chaque poupée, avec 1 gâteau et 3 fruits … tout est prétexte à ce qu’il retienne et manipule sans qu’il ne s’en rende compte. 

n.b : j’en profite quand même pour vous avouer une petite anecdote. Lorsque j’ai préparé le plateau, j’avais dans l’idée de le proposer dans la foulée à Malo. Bien entendu, il était très enthousiaste, mais pourtant, ça ne fonctionnait pas. Il n’arrivait pas à se concentrer, traçait les lettres à la va-comme-jte-pousse, bref, ce n’était pas le moment, même s’il en avait envie. Je lui ai donc proposé de laisser cela pour le moment et puis d’aller jouer à autre chose, on reviendra dessus lorsqu’il sera plus calme et concentré. Alors bien sûr, lui aurait aimé continuer mais honnêtement il n’y avait aucun intérêt, ni pou r lui, ni pour moi. Je lui ai donc expliqué et il est parti jouer. Le lendemain matin il a été ravi de s’attabler avec moi pour qu’on recommence et tout s’est bien passé. 

si je vous raconte tout cela c’est pour dédramatiser les fois où ça ne veut pas. Il ne faut pas croire que, sous prétexte de Montessori, mes enfants sont toujours hyper enthousiastes et concentrés dans leurs activités. Il arrive parfois où, comme je l’explique juste avant, ça ne veut pas. Dans ces cas là on n’insiste pas et on passe à autre chose. Donc surtout ne vous mettez pas la pression et écoutez vous (vous = votre enfant ET vous) c’est la clé pour que tout se passe bien ♥

Age de Malo au moment de l’activité : 3 ans et 3 mois